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Olivier Bleys : ça marche pour lui !

Écrivain et explorateur moderne, Olivier Bleys parcourt à pied de plus ou moins grands espaces avant d’en restituer des Carnets de marche multimédias.

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Grand Paris Sud l’a invité à arpenter le territoire de l’Agglo et le résultat est à la fois poétique, surprenant et instructif. Une prestation de « consultant pédestre » constituée de notes, de sons et de photos, qui pourrait préfigurer un futur sentier de Grande Randonnée…

Léger… mais il « envoie du lourd » !

L’équipement est toujours le même. Un appareil photo, un pied, un enregistreur numérique, un GPS dédié pour enregistrer la trace dans de bonnes conditions, une GoPro, une gourde, des chaussures de marche, une casquette… et c’est tout ! « Ce dont j’ai besoin tient dans un petit sac à dos de 40 litres ».

Olivier Bleys, voyage léger. Pourtant, il a un bon bagage. Avec plus de trente-cinq livres au compteur (romans, BD, essais, carnets de voyages…), il trace sa route loin des sentiers battus, bien que ses écrits aient été traduits dans une dizaine de langues et lui ont valu dix-sept prix littéraires, dont deux prix de l’Académie française et le Grand Prix du Roman de la Société des Gens de Lettres (SGDL) pour Le Maître de Café (Albin Michel, 2013). Ce jeune quinqua, féru de nouvelles technologies, est également un membre élu de la prestigieuse Société des Explorateurs français. Outre un tour du monde à pied, par étapes, qu’il poursuit d’année en année depuis 2010, il effectue également des tours de villes à pied et, donc, des carnets de marche multimédias. Celui de Grand Paris Sud est le 33e qu’il réalise. « C’est une formule bien assise. Chaque carnet a sa personnalité, car il peut revêtir différentes formes au moment de la mise en ligne, laissée aux bons soins de mon commanditaire. »

La carte et le territoire

L’homme est posé. Ses mots sont précis. Il avoue qu’il ne connaissait pas vraiment Grand Paris Sud. « Ça a permis un bon équilibre, explique-t-il. J’avais besoin d’être un peu orienté, donc on m’a indiqué des lieux qui méritent le détour. Mais, sinon, j’avais carte blanche. C’était donc des conditions de départ très agréables qui permettaient surprises et découvertes. » Car Olivier Bleys aime l’improvisation et les chemins de traverse. Il s’est ainsi rendu à la Terrasse du Vieux Garçon, à Morsang-sur-Seine, uniquement parce que le nom l’intriguait. « J’y ai découvert une belle place et une auberge où Simenon et son personnage de prédilection, le commissaire Maigret, sont descendus. »

Avec une moyenne de 30 km par jour, l’explorateur pique des points sur la carte et les relie au hasard de l’aventure. Il ne prévoit pas de quoi manger et se nourrit avec ce qu’il trouve sur place. Ce qui occasionne parfois des désagréments. « À Morsang, justement, je comptais m’arrêter à la Guinguette des Rapetou, dont le nom m’a sauté aux yeux. Je pensais y déjeuner et remplir ma gourde, car j’avais 15 km de marche derrière en forêt de Rougeau où je savais que je n’aurais pas de ravitaillement. Mais quand je suis arrivé, elle était fermée. J’ai donc continué. Tant pis, je n’avais pas le choix. »

Le son, les images… Et le vécu !

Avec ses carnets de marche, Olivier Bleys souhaite restituer un territoire dans toutes ses dimensions, mais aussi un vécu. « Nous sommes loin des plaquettes de communication très élaborée, souligne-t-il. J’y ajoute ce petit accent personnel, cette patine propre au reporter du territoire. J’essaye d’apporter ce témoignage à la première personne qui permettra aux internautes de s’identifier. » Une restitution subjective et poly sensorielle qui s’adresse à l’œil par la photo et des petits films, mais aussi à l’ouïe avec des ambiances sonores et des interviews. « Et si je pouvais inclure l’odeur, je le ferai ! » Pour composer le carnet de Grand Paris Sud, Olivier a marché 4 jours de la forêt de Rougeau, au sud, jusqu’à Grigny et au-delà, au nord. Qualifiée de « volumineuse ; à la dimension du territoire », cette restitution est composée de 244 photos, d’un texte de 30 000 caractères, de 3 vidéos de 3 minutes chacune et de 13 sons avec ambiances (le passage d’une péniche au Coudray-Montceaux, par exemple). Mais aussi des témoignages, comme celui de Fabienne, qui tient des chambres d’hôtes cossues aménagées à partir de containers, à Saintry-sur-Seine. « J’y ai passé une nuit et elle m’a raconté comment, pendant le confinement, elle a choisi d’ouvrir ses containers aux soignants, car le site est à moins de 10 minutes d’un hôpital. »

Des rencontres et des souvenirs

Sur sa route, le carnettiste a été confronté à de jolies surprises. Comme cette fois, où, à Viry-Châtillon, alors qu’il remontait la N7 pour rejoindre l’écoquartier des Docks de Ris-Orangis, il prend une rue parallèle et tombe… sur une piste en terre ! « À cet endroit, proche de la N7 et à 100 m à vol d’oiseau d’une gare de RER, c’était improbable. La piste était charmante et assez incroyable, bordée de splendides villas belles époque. Il s’agit de la rue des Marronniers. » Olivier n’a pas à chercher longtemps pour revenir sur la rencontre qui l’a le plus marqué. Le chef de poste de l’écluse du Coudray-Montceaux, avec son fort accent du Nord, a en effet séduit notre aventurier. « J’ai été assez touché par ma rencontre avec lui. Il m’a raconté qu’il était issu d’une lignée batelière. Pendant son enfance, ses parents le laissaient ouvrir une écluse à la manivelle. Il en parlait avec nostalgie et regrettait l’automatisation qui prenait aujourd’hui le pas sur ce métier appelé à disparaitre. »

Un chemin de randonnée

Olivier revient sur son expérience à Grand Paris Sud avec l’envie de faire connaitre le territoire au plus grand nombre. « Dans l’esprit de beaucoup de gens, les villes qui y sont associées correspondent à une desserte de RER, à des banlieues grises ou même à des cités à problèmes. Quand j’ai dit à mon entourage que je faisais ce carnet, ils m’ont dit de faire attention. Or, ce n’est pas du tout ce que j’ai vu. Les grands ensembles existent et je les ai traversés en partie. Ils ressemblaient d’ailleurs aux immeubles où j’ai grandi. Mais j’ai été surpris de voir qu’ils bordaient des forêts importantes et des lieux de promenades en bord de canal. C’est un territoire qui mérite d’être redécouvert et mis en valeur. En développant des sentiers pour qu’on puisse le suivre de bout en bout, par exemple. Il serait dommage que des promeneurs passent à côté de la place du Vieux Garçon et des hectares de chênes qui joutent le parcours du trail du four à Chaux, à Nandy. »

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